lundi 9 avril 2018

Abracadabra





Cinq ans après l’insolite Blancanievas  Pablo Berger nous revient avec Abracadabra, désopilante comédie noire aux confins du fantastique.


Le précédent long métrage du réalisateur espagnol proposait - en utilisant les codes du cinéma muet - une relecture insolite du célèbre conte de Grimm. Après Blancanievas (2012), drame baroque peuplé de symboles (la tauraumachie, le flamenco), Berger nous invite à retrouver son Espagne sous les couleurs d’une comédie aussi déjantée qu’inquiétante. L’histoire d’Abracadabra se déroule dans le quartier madrilène de Carabanchel.

Abracadabra

Femme au foyer, Carmen est mariée avec Carlos, conducteur de grues et fan de foot gueulard. Il y a aussi le cousin de Carmen (Pepe), hypnotiseur amateur. Carmen croit que son mari est possédé par un esprit. Tout le sel du film reposera donc sur les changements d’humeur de ce personnage caractériel alternant entre nouvelle sérénité et accès colériques ataviques. Quoique le scénario de Berger paraît quand même un peu décousu et mince, la sauce d’Abracadabra finit par accrocher par sa drôlerie kitch et ses allusions futées au modèle patriarcal et à la vie conjugale version ibérique.

Abracadabra

Antonio de la Torre interprète son personnage caractériel avec beaucoup de finesse. Quand à Maribel Verdu, dans le rôle de la femme éperdue guettant chaque nouveau comportement de son mari, elle est bien positionnée. Egalement, l’on signalera la qualité de jeu de personnages secondaires comme l’agent immobilier fantasque, le dentiste inquiétant ou le cousin hypnotiseur. Quant au singe voleur de sandwich, qui hante l’esprit de Carlos, il se profile une image emblématique du cinéma singulier de Berger. L’aspect loufoque général d’Abracadabra (costumes, personnages et situations incongrues) rappelle même parfois le meilleur de la comédie italienne (Dino Risi, Marco Ferreri).

Abracadabra

Furtivement et sans lourdeur, Abracadabra multiplie les clins d’œil à des films aussi divers que L’Exorciste, Taxi Driver, Shining ou encore La fièvre du samedi soir. Et l’on sent à travers ces allusions cinématographiques discrètes tout l’amour que voue le réalisateur espagnol pour l’histoire du cinéma. Révélateur des nouvelles tendances de la comédie moderne espagnole Abracadabra s’avère par sa construction aussi percutant que drôle. Comme son compatriote Alex de la Iglesia, Pablo Berger conjugue subtilement cinéma d’auteur exigeant et divertissement de qualité.

durée : 1 h 35

Abracadabra, un film de Pablo Berger, comédie, Espagne, 2017
Avec Maribel Verdu, Antonio de la Torre

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