lundi 22 mai 2017

Kate Bush, le temps du rêve



Dans Kate Bush - Le temps du rêve, le journaliste Frédéric Delâge propose une très intéressante analyse du parcours musical de la plus singulière et talentueuse des chanteuses-compositrices anglaises.


Dans son propre pays, elle est considérée comme une icône nationale au même titre qu’Edith Piaf en France. Par un style musical aventureux, une voix perchée haut - immédiatement reconnaissable - et des textes étranges et poétiques Kate Bush se profile depuis près de quatre décennies comme une artiste internationale majeure et novatrice. Ce premier livre en français sur Bush retient d’autant plus l’attention qu’il est parsemé de très nombreux extraits - traduits - de ses chansons. Spécialiste des musiques progressives [Prog 100 (Le mot et le reste), Chroniques du rock progressif 1967-1979 (La Lauze)] Delâge commente les textes de la chanteuse, les mettant en parallèle avec de nombreux repères biographiques.

1978

Il pose un regard critique sur l’ensemble de sa discographie - riche par la qualité mais finalement peu abondante [10 albums studio et 2 live sur près de 40 ans], tentant de cerner la personnalité atypique d’une auteure-chanteuse qui a toujours (trop ?) cultivé le secret et suscité l’insatiable curiosité du public. Il nous convie à mieux cerner un voyage musical et littéraire allant de la genèse romantique de The Kick Inside (1978) au tout récent triple CD live Before The Dawn (2016), signant le grand retour sur scène de la vieillissante Babooshka de 59 ans. Passionnément, Delâge décortique cette carrière fulgurante, rappelant souvent le perfectionnisme têtu de la dame, sa méfiance vis-à-vis des médias [pour son étiquette de femme-enfant sensuelle qui lui collera longtemps à la peau] et surtout son légendaire refus de toute compromission musicale [néanmoins, le cas du CD The Red Shoes (1993) peut faire débat, comme le rappelle l’auteur].

1989

Beaucoup des sources d’inspiration de l’univers de Bush proviennent outre ses goûts esthétiques de rencontres amicales ou de son univers familial (« A Coral room »). Et l’auteur rappelle justement l’importance du clan Bush - une famille provinciale aisée privilégiant les arts et la musique dans leur vie quotidienne - dans la maturation intellectuelle de l’artiste. (Ses deux frères : Paddy Bush, luthier et musicien professionnel ; Jay Bush, un écrivain réputé). Kate Bush cite souvent comme influences les personnalités suivantes : le mime Lindsay Kemp, Gurdjieff, Michael PowellBowie, Joyce, Bryan Ferry,  Elton John, Steely Dan et Roxy Music (groupes) ainsi que de nombreux peintres préraphaélites ou des cinéastes des années 30/50.

2016

Inclassable, imprégnée par une curiosité insatiable et une boulimie artistique cosmopolite, Bush aura arpenté sur près de quatre décennies les plus séduisants rivages musicaux entre pop, rock, world, jazz, électro et celtic. Quant à ses textes, ils puisent largement - pour l’inspiration - dans le cinéma, l’érotisme, la littérature, l’ésotérisme, la philosophie, le théâtre et la poésie, voire la danse et le mime. En cela, à la fois imprévisible et méticuleuse, Bush rejoint le cercle très confidentiel d'artistes « généralistes » du style David Bowie ou Peter Hammill,  davantage préoccupés par la modernité du message que par son purisme. En tout cas, l’excellent ouvrage de Delâge a le grand mérite de rendre plus familier cet univers poétique et cette personnalité  attachante et complexe qui s'est souvent positionnée comme une écrivaine.

Frédéric Delâge, Kate Bush, le temps du rêve, éditions Le mot et le reste, 216 pages, 2017

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