lundi 17 octobre 2016

Hugo, de père en filles



Hugo, de père en filles évoque le destin tragique des deux filles [Léopoldine et Adèle] du célèbre écrivain et homme politique. Filip Forgeau met en scène son propre texte au Théâtre de l’Epée de bois, nous proposant un spectacle étrange et prenant aux échos d’outre-tombe.

Hugo, de père en filles est le quatrième volet d’un projet intitulé « Les Chambres », présentant des figures féminines marquantes de l’histoire et de la littérature. Inspirée par des journaux, biographies et correspondances, cette série de portraits, qui se faufile entre réalisme et forme onirique, nous invite à découvrir un univers à la fois intime, tragique et secret. En effet, Victor Hugo (1828-1873) fut particulièrement éprouvé par des drames familiaux qui influèrent sur son œuvre, notamment la mort prématurée de sa fille aînée Léopoldine - morte noyée à 19 ans - ainsi que  la longue errance de sa cadette Adèle, qui, sombrant dans la démence, devait restée enfermée une quarantaine d’années dans un hôpital. 

Hugo, de père en filles - Théâtre de L’Epée de bois

Dans un décor de maison hantée, « Didine » (Léopoldine Hugo) et « Dédé » (Adèle Hugo) évoluent nonchalamment sur la petite scène du Théâtre de l’Epée de bois. Elles rient, souffrent, se confient, s’admirent, se jalousent, rêvent leur vie, interrogent la mort de l’autre… Dans un jeu subtil et inventif, Laurianne Baudouin (Didine) et Soizic Gourvil (Dédé) interprètent avec fraîcheur et conviction ces deux personnages qui nous transportent d’emblée vers les contrées mystérieuses de l’œuvre de l’ogre Hugo, grand amateur de « tables parlantes ». Ces confidences spectrales autour de leurs vies et de celle de leur illustre géniteur célèbrent à la fois l’homme de la vie quotidienne et le poète de l’étrange et du merveilleux.

Hugo, de père en filles - Théâtre de L’Epée de bois

Simple et inquiétant, le décor (grande table, miroirs...) offre un cadre idéal à ces dialogues introspectifs à la bougie, imprégnés de rires, de rêves et de souffrances. L’on signalera l’habile jeu de lumières et les sonorités étudiées qui accentuent le climat entre chien et loup du spectacle. Dans son ensemble, ce dernier dégage un aspect très pictural qui peut rappeler un « Georges de La Tour » par la rareté des objets, l’ombre-lumière dépouillée ou le positionnement des comédiennes assises devant leur couvert. A travers l’évocation de ces trois destins extraordinaires, Hugo, de père en filles nous invite à redécouvrir tout le mystère de l’oeuvre hugolienne, à la fois profondément terrienne et amoureusement tournée vers l’irrationnel.

durée : 1 h 15

Hugo, de père en filles
Texte et mise en scène : Filip Forgeau
Avec Laurianne Baudouin (Didine) et Soizic Gourvil (Dédé)

Théâtre de L’Epée de bois
Cartoucherie - Route du Champ de manœuvre
Paris 12e
horaires : du mardi au vendredi à 20 h 30, le samedi à 16 h et 20 h 30, le dimanche à 16 h, relâche le lundi

jusqu’au 23 octobre 2016

Hugo, de père en filles - Théâtre de L’Epée de bois

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire