lundi 20 juin 2016

Expo Louis Stettner - Ici Ailleurs


© Centre Pompidou/Dist. RMN-GP © Louis Stettner 
Aubervilliers, France, 1947, 
Collection Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris. 


Dans une rétrospective consacrée à Louis Stettner (né en 1922) le Centre Pompidou met à l’honneur un des derniers grands photographes américains du XXe siècle, dont l’œuvre exprime des préoccupations sociales et un réalisme poétique.


Sans doute pour la postérité, Louis Stettner figurera parmi ceux qui ont su le mieux capté la magie des grandes villes. Il nous surprend avec ses photos du New York urbain des années 50, 60, 70 ainsi que celles du Paris poétique d’après-guerre avec ses rues mouillées, ses boutiques rétros et ses ciels grisâtres. Quoique très connu des professionnels de la photo, Stettner reste méconnu du grand-public, contrairement à d’autres artistes iconiques comme Brassaï et Boubat, qui furent d’ailleurs des amis. 

© Centre Pompidou/Dist. RMN-GP ©Louis Stettner 
Le roi et la reine de Coney Island, New York, États-Unis,
De la série « Subway », 1946, 
Collection Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris. 

Une des raisons de cette discrétion réside peut-être dans la multiplication des allers-retours de cet artiste entre la France et les Etats-Unis. Résidant dans le nord de Paris, Stettner à 93 ans poursuit son cheminement artistique. (Il est également peintre, sculpteur et auteur.) Ses innombrables images photographiques en noir et blanc et en couleurs sont le fruit d’un travail qui s’étire sur près… de huit décennies. Et tout l’intérêt de la rétrospective du Centre Pomidou est de proposer à la vue un choix significatif de son travail, des photos des années 30 à la Atget jusqu’à sa dernière série réalisée dans le sud de la France, au cœur du massif des Alpilles. Stettner, qui fut soldat dans le Pacifique, arriva en 1946 à Paris où il restera une bonne partie de sa vie. 

© Centre Pompidou/Dist. RMN-GP ©Louis Stettner 
Deux Texanes sur la 5e Avenue, New York, États-Unis, 1975,
 Collection Centre Pompidou, Musée national d’art 

S’inscrivant dans le courant d’une photographie humaniste, documentaire et poétique, cet originaire de Brooklyn aime capter le quotidien des « petites gens », celui des pêcheurs, des ouvriers et des petits employés. C’est le photographe des petits matins blêmes, des gens anonymes circulant dans la rue, le métro ou les gares. Comme son contemporain Doisneau ou même Depardon, il cherche sans agressivité à capter l’essence de ses sujets à travers de rares moments d’attente et d’abandon qu’il parvient magiquement à saisir comme dans sa célèbre série de voyageurs plongés dans le noir de la gare Penn Station (1958) ou celle, cocasse, sur des passagers du métro surpris dans leurs pensées (1946).

 © Centre Pompidou/Dist. RMN-GP ©Louis Stettner 
Veille de Noël, Paris, France, 1950-1951,
Collection Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris. 

« Les gens m’intéressent davantage quand leurs corps sont détendus, relâchés, que lorsqu’ils sont dans la précipitation », confie Stettner. Mises en valeur par un subtil éclairage et le choix aventureux de personnages anonymes, bon nombre de ces photographies dégagent un fort climat cinématographique. Diverses ambiances s’y profilent : cinéma populaire à la Carné/Duvivier, thriller à la Hataway, climat expressionniste à la Lang/ Browning pour la singularité ou la posture des sujets   [voir l'énigmatique homme au chapeau figurant sur la photo Veille de Noël (1950)]. Au final, une expo très intéressante qui rend hommage au travail d’un photographe « atmosphérique », à la fois virtuose en jeux de lumière et poète urbain des grandes villes.

Expo Louis Stettner - Ici Ailleurs
Centre Georges Pompidou (galerie de photographies, niveau – 1)
Place Georges-Pompidou
Paris 4e
Entrée libre
horaires : tous les jours (sauf mardi) : 11 h-21 h

jusqu’au 12 septembre 2016

Brooklyn Promenade, New York, 1954
Epreuve gélatino-argentique, 58 x 45 cm
Photo© Centre Pompidou/G. Meguerditchian/Dist. RMN-GP, ©Louis Stettner  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire