lundi 9 mai 2016

Expo Jean Lurçat (1892-1966) Au seul bruit du soleil



Actuellement à la Galerie des Gobelins (Paris 13e), l’on peut découvrir l’univers poétique et avant-gardiste de Jean Lurçat (1892-1966), peintre singulier et figure emblématique de la renaissance de la tapisserie française au XXe siècle.


Frère d’André Lurçat (l’architecte), Jean Lurçat est peut être aujourd’hui plus connu pour son travail consacré à la tapisserie - il travailla pour la manufacture des Gobelins et pour celle d’Aubusson qu’il dirigea - que pour ses réalisations de peintre. Poète et illustrateur inspiré, Lurçat créa des décors et costumes pour la compagnie Pitoëff et collabora avec l’architecte et créateur de meubles Pierre Chareau.

Jean Lurçat, Les Saisons - Le Printemps, 1946, tapisserie d'Aubusson, atelier Tabard.
3,25 x 4,78 m © Isabelle Bideau

C’est tout l’intérêt de cette rétrospective somptueuse d’honorer toute la carrière variée de cet artiste généraliste à qui l’on doit une des plus dynamiques productions de carton (près d’un millier !) pour tapisseries. Balisé par un parcours chronologique et la scénographie discrète et subtile de Jean-Michel Wilmotte, l’expo intitulée « Au seul bruit du soleil » nous fait découvrir sa période picturale méconnue (1919-36), marquée par des tableaux orientés vers le cubisme et le surréalisme.

Jean Lurçat, « La Petite peur » (1952-53). Tapisserie des Gobelins.
Photo © Mobilier national 
Egalement, l’on signalera sa production céramique si moderne et attachante (vases, assiettes, plats, pichets), son élégant travail sur le mobilier (canapés, paravents, fauteuils) ainsi que d’immenses œuvres rarement montrées comme la majestueuse tapisserie Le Vin (1947) - qui orne habituellement l’ancien Hôtel des ducs de Bourgogne de Beaune - ou Le Jardin du rêveur (réalisée la même année), conservée à la mairie de Juvisy. La passion de l’art mural de ce grand admirateur des tentures médiévales s’y révèle à travers toutes ces immenses pièces de tapisseries, comme la magnifique série des « Quatre saisons » datant des années 1940, Résistance (1954) ou Les Trois soleils (1960), commande de l’aéroport d’Orly à l’artiste.

Jean Lurçat, « Paris » (1958/1960). Collections du Mobilier national. 
Photo © Mobilier national 

Outre la délicatesse de ses tons de couleurs, le vocabulaire décoratif de Lurçat nous charme par la beauté (et la multiplicité) de ses motifs : animaux, flore, végétaux, astres, poèmes ou créatures fantastiques.  Dénuée d’arrogance et marquée par une certaine simplicité et un fort symbolisme, ce vaste ensemble de créations nous séduit par son habileté à faire fusionner histoire, poésie et art. Marquant le cinquantenaire de la mort de Jean Lurçat, cette rétrospective honore ainsi la beauté stylisée de celui qui fut le plus grand rénovateur de la tapisserie française au XXe siècle.

Expo Jean Lurçat (1892-1966) Au seul bruit du soleil
Galerie des Gobelins
42, avenue des Gobelins
Paris 13e
horaires : tous les jours de 11 h à 18 h, sauf les lundis

jusqu’au 18 septembre 2016

© Fondation Jean et Simone Lurçat 
Jean Lurçat à la villa Seurat, 1961. 





























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